My work starts from the diagnosis of a globalized «glitch» in contemporary societies.
In a context of a crisis of thought, reflected in the defects of action of peoples, I question our way to connect to the world. Starting from this observation, I work following a journey of de-construction. De-construction of beliefs, thoughts and identity.
Seeing the constant movement of the world and feeling a form of helplessness, I began to make a series of video-performances in which I put myself on stage in a landscape and I remain there motionless, in silence.
This action of remaining silent and motionless is an act of protest, but also an invitation for the viewer to change his or her or their perspectives. Indeed, my videos by their compositions can be seen as a mirror. My still and silent presence invites the viewer to turn their focus for a moment to their own silence.
I thus walks with the return to silence and immobility as a focal point. Seeking to mirror in the image the tremor that will bring down the veils of illusion. It invites people to pause and stop for a moment...It invites them to ask themselves : who I am in this world and how am I connected to it...

A FOREST 2018/2019
Dédale
Virginie Nugere part du diagnostic d’un « bug » globalisé dans les sociétés contemporaines pour penser l’organisation du monde autant que les perceptions qui s’y rapportent. Dans un contexte de crise de la pensée, qui se traduit par les déficiences de langage et les défauts d’action des individus, elle s’interroge sur les formes d’une humanité dysfonctionnelle ou inadaptée, déjà promise à sa perte. L’accélération des rythmes de vie, l’effacement de la nature à l’heure de l’anthropocène et l’épuisement des psychismes dans le système capitaliste contribuent en effet à généraliser des psy- chopathologies à l’échelle du social, parmi lesquelles la dépression ou le traumatisme. Le déclinisme apparent du propos n’est pourtant qu’un prétexte à inventer de nouvelles formes de résistance, im- mobiles et silencieuses. Perchée sur un arbre, à la manière du baron décrit par Italo Calvino, elle a ainsi mené une révolution méditative en forêt, en totale rupture avec le rythme effréné de la vie contemporaine. Désocialisée, comme fondue dans le paysage, elle y éprouvait son devenir-animal et sa capacité à revenir à un état proto-humain, proprement neutralisé.
Ses nouveaux projets se focalisent sur d’autres archaïsmes en faisant retour aux mythes fondateurs, dont celui de Dédale, l’inventeur le plus célèbre de l’Antiquité grec, à l’origine de la hache et du labyrinthe. Dans la vidéo du même nom, Virginie Nugère procède ainsi à un renversement symbolique pour mieux rendre visible l’ambivalence structurelle du cocon qu’elle tisse, devenu un refuge pharmakon, c’est-à-dire à la fois remède et poison. Le fil d’Ariane, traditionnellement employé pour dé- jouer les pièges du labyrinthe, sert ici à constituer un lieu d’errance et de complexité, aussi protec- teur qu’oppressant. Enroulé autour des branches et des troncs des arbres environnants, le fil déploie alors la métaphore de l’enfermement mental, de la psyché comme lieu d’isolement et d’absorption. En seconde lecture, cette retraite intérieure devient également une image du processus créatif et de ses ambiguïtés. En performant son exil mental, Virginie Nugère rapproche son sort de celui de Dé- dale et relève le paradoxe de sa propre condition : plonger dans les méandres de son chaos cérébral, au sens où Anton Ehrenzweig parle du « labyrinthe » de la création dans L’ordre caché de l’art, fait toujours courir le risque de se laisser enfermer dans sa propre construction.
Florian Gaité